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Santé : Quand les grands groupes investissent

Afin d’accompagner la transformation numérique d’un secteur entier, des acteurs s’engagent et investissent sur le terrain du numérique en santé. Alors que la médecine s’oriente vers des dispositifs de plus en plus pointus et que le système de santé populationnelle impose d’orienter les pratiques vers davantage de solutions de prévention, des entreprises saisissent ce virage. Interview croisée de Nadia Frontigny, Directrice de la Mission Santé et Silver Economy d’Orange HealthCare et de Laurent Moulin, Directeur commercial d’Enovacom (filiale d’Orange Business Services).

En matière de numérique en santé, la réactivité des industriels français n’est plus à démontrer. Nombre d’entre eux permettent une accélération du marché au moyen d’innovations et d’une juste corrélation entre les besoins exprimés et services proposés. Explications.

Cet article est extrait du livre blanc de Numeum « La santé en 2030 sera numérique » portant sur les perspectives de développement du numérique en santé. Le document est librement téléchargeable à cette adresse : Livre blanc Santé Numérique 2030

Pourquoi cultiver une vision systémique du numérique en santé est-il important ?

Nadia Frontigny : A l’heure actuelle, le système de santé est un ensemble de services au sein duquel Orange accompagne la transformation numérique des acteurs en place. Cela permet de disposer non seulement d’une solide expérience mais également d’une vision claire quant aux différentes étapes de son évolution.

santé Numeum Techtalks Roman Kraft via Unsplash

En somme, nous sommes convaincus qu’il est capital de développer cette vision systémique dans la mesure où cette dernière est, par nature, complexe. Cette vision s’adosse à une réalité. Sous la pression naturelle de chaque consommateur et des professionnels de santé est née une attente en termes d’efficacité. De ce mouvement majeur naît et se prolonge cette mutation numérique en cours.

Cette dernière permet de développer une stratégie forte. En effet, notre ambition est de poursuivre nos efforts afin de proposer des outils et des services permettant d’aller vers une médecine de plus en plus pointue. Sous l’impulsion des effets de la récente crise sanitaire liée au Covid-19, le système de santé populationnelle prend toute son importance.

Le Ségur de la Santé a-t-il permis de réelles avancées ?

Dans ce cadre, le Ségur de la santé a permis de débloquer des moyens afin d’accompagner la montée en puissance de la santé numérique sur l’ensemble du territoire. En somme, nous assistons à une double mutation. D’un côté, une très forte progression de la santé numérique, qui englobe désormais des volets liés aux besoins psychologiques de la population. Il s’agit d’une première rupture forte par rapport au système traditionnel que nous connaissions jusqu’à présent.

De l’autre, le second basculement entre dans le giron de ce que l’on nomme la santé populationnelle. Il s’agit de mettre en place des moyens afin de prévenir la survenue de maladies et ainsi de désengorger les hôpitaux. A présent, l’enjeu se situe sur l’importance pour les acteurs du secteur de faire évoluer les modes de financement. Le Ségur nous a certes montré la voie mais il convient désormais d’accélérer !

Les changements à venir s’avèrent donc majeurs ?

Laurent Moulin : Les changements en cours sont en effet majeurs et pour le moins captivants. C’est pourquoi Enovacom, en tant que porteur du projet de santé numérique chez OBS, est résolument optimiste quant à l’avenir car nous développons une vision simple : participer à l’accélération du virage numérique. Nous accompagnons ainsi la stratégie de la France, en particulier suite au Ségur de la santé qui a permis la création de projets tels que la plateforme “Mon Espace Santé” avec une volonté forte de créer de la donnée et de l’alimenter. L’Etat a, en effet, lancé une feuille de route permettant aux structures de santé de flécher les données produites vers un espace commun. Y sont ajoutés les échanges entre médecine de ville et l’hôpital mais aussi les données mises à jour par le patient, le citoyen.

Ce dernier dispose ainsi d’un accès à toutes ses données et peut collaborer, échanger sur ses pathologies avec son médecin de ville ou une structure hospitalière. Enovacom agit ainsi en tant qu’interface entre le monde sanitaire et le monde médico-social au travers de “Mon Espace Santé”. Nous permettons de réduire les délais entre acteurs dans cette tendance majeure qu’est le virage numérique. Tout cela n’est pas qu’une vision stratégique mais une réalité tangible.

Ce virage numérique a donc pour conséquence de créer un nombre conséquent de données de santé. C’est pourquoi nous portons notre activité, sur le coup d’après, à savoir sur la manière la plus optimale d’exploiter ces données. L’objectif étant d’accélérer le développement des usages dans l’optique de faire gagner du temps à tous les acteurs du parcours de santé. Du soignant au patient. Toute cette accélération va dans le bon sens.

A quoi ressemblera la Santé en 2030 ?

Nadia Frontigny : Le patient de 2030 ne sera pas celui de 2020. Dans 10 ans, être malade sera l’état d’exception à mon sens. L’accent sera mis sur les moyens de rester en bonne santé. Cela constituera le point capital de notre système de santé grâce à la prévention.

santé emploi Numeum TechTalks Photo de Chris Liverani sur Unsplash

Laurent Moulin : Le patient de 2030 sera différent de celui actuellement. A terme, le public aura besoin de rapidité et devra, grâce à un modèle exacerbé, accéder aisément à toutes les données. Les cas d’usages seront alors nombreux pour être suivi à domicile, pouvoir demander facilement une téléconsultation, faire un électrocardiogramme à distance… En somme, la e-santé en 2030 va permettre une capacité à accéder à l’information et à prendre des décisions plus rapides et améliorer l’orientation de soins du patient vers le bon parcours.

Quels sont les freins qui empêchent ce modèle de se développer ?

Laurent Moulin et Nadia Frontigny : La méthode de financement du système français est encore complexe. En particulier en matière de télémédecine et de télésuivi. Cela est dû au fait qu’il n’y a qu’un seul payeur pour ce type d’actes. La difficulté réside donc dans le fait de monter un modèle économique pérenne. Le second point de ralentissement concerne la pénurie de ressources et de soignants. Nos solutions permettent à des accompagnants d’avoir plus de poids dans la bonne tenue de services de santé à distance.

Cet article est extrait du livre blanc de Numeum « La santé en 2030 sera numérique » portant sur les perspectives de développement du marché. Le document est librement téléchargeable à cette adresse : Livre blanc Santé Numérique 2030

Olivier Robillart