Principale conséquence de l’augmentation de la population et d’un certain manque de moyens, les services de soins sont appelés à être modifiés. Dans ce cadre, les outils et services de santé connectée font leur entrée de plain-pied dans le concert des innovations technologiques. Le salon Vivatech 2022 en est le miroir patent.
Dans les travées de Vivatech, nombreuses sont les entreprises, de tailles hétérogènes, à présenter leurs innovations en matière de santé connectée. Le secteur du « healthcare » a, en effet, le vent en poupe. Poussées par un cadre systémique et par une tendance lourde, de nombreuses plateformes et briques logicielles nouvelles se font jour.
Alors que le besoin de constituer une filière industrielle propre se fait toujours sentir, certains acteurs majeurs de l’écosystème numérique ont d’ores-et-déjà avancé leurs pions. Invité sur la scène du Stage One du salon de Porte de Versailles, Bernard Charlès, Vice-Chairman et CEO de Dassault Systèmes a ainsi pu présenter sa vision dans le domaine du médical. Le leader français précise : « le dialogue avec le patient a totalement changé. Pour participer à cette mutation nous avons déployé de nouvelles bonnes pratiques afin de développer nos collaborations avec les médecins et les professionnels de la santé autour du patient virtuel. Il nous est possible d’agir en profondeur en matière de lutte contre les tumeurs sur le cerveau. »
Il ajoute : « Pour limiter les erreurs médicales, il est important de pouvoir réaliser des tests en amont. Nous réalisons ainsi de nombreux essais cliniques lesquels nous permettent de réduire les risques liés aux traitements. Le défi actuel se présente désormais sous la forme d’un challenge scientifique. En matière de santé, le sujet tourne autour de l’efficacité des traitements ou même des vaccins. A terme, nous outils permettront de dresser un profiling fidèle d’une personne afin de dresser la meilleure thérapie pour elle. »
La tendance est donc donnée. A l’avenir, les services médicaux vont avoir besoin de recourir à de nombreux dispositifs permettant non plus forcément de guérir un patient mais de prévenir la survenance d’une pathologie. De ce postulat naissent ainsi de nombreuses innovations que nous avons pu tester lors du salon dédié au numérique.
Santé connectée : prévenir les blessures chroniques
En matière de santé, il est toujours préférable de prévenir plutôt que de guérir. Un principe pris au pied de la lettre par les britanniques de Scaled Tech. L’entreprise propose des attelles de poignets spécifiques pour les personnes souffrant de pathologies chroniques de ces articulations. Ces éléments sont constitués de matériaux flexibles capables de ne se plier qu’à une certaine inclinaison prédéfinie en amont. Il devient alors impossible pour la personne sujette à d’éventuelles blessures d’effectuer un mauvais geste.
La attelles ainsi produites sont optimisées en fonction des données recueillies auprès des patients. L’idée est donc de fournir un outil nominatif pouvant servir de palliatif à une hospitalisation ou à des soins médicaux couteux.
Toujours dans cette logique de prévention, l’entreprise française Circular a présenté à nouveau sa bague connectée. Moins voyante à porte que les traditionnels bracelets connectés, cet élément, déjà présenté au CES de Las Vegas, intègre de nombreux capteurs optiques. Elle mesure ainsi la fréquence cardiaque, la saturation du sang en dioxygène (SpO2), ainsi que la température de la peau.
Le principe est également de pouvoir prévenir toute apnée du sommeil. La Circular met donc un pied dans le médical en proposant une surveillance non seulement cardiaque, mais également respiratoire. L’objectif étant alors d’analyser les différentes phases de sommeil d’un patient avec un matériel moins onéreux que les dispositifs médicaux classiques.
Exosquelettes et combinaisons connectés
Sans pour autant aller sur le terrain de l’humain augmenté, de nombreux dispositifs proposent d’assister les travailleurs dans leurs tâches les plus rébarbatives et les plus physiques. Si l’idée est certes d’améliorer l’efficacité d’une personne, la question de limiter les accidents et les douleurs sont également prégnantes.
Dans cette logique, Ekso Bionics a développé un exosquelette utile dans une logique de santé connectée. Il doit permettre d’aider les personnes à mobilité réduite suite à un infarctus ou atteintes de problèmes liés à la moelle épinière de marcher à nouveau.
Le constructeur entend équiper des centres de réhabilitation pour aider les patients à marcher plus rapidement. Une célérité de traitement qui veut que davantage de personnes pourraient alors profiter de ces outils. Et ainsi rester moins longtemps dans un centre de réhabilitation.
Le son de cloche est similaire du côté de German Bionics. Le constructeur allemand tente de réduire les maux de dos des travailleurs présents dans les entrepôts, sur les chantiers. Ou s’adresse plus globalement à ceux qui doivent régulièrement porter des charges lourdes. Un système de compensation anime une sorte de sac à dos motorisé que doit équiper le collaborateur. Ce dernier est alors à même de soulever un poids de 30 Kg avec un ressenti de 3 Kg.
Le constructeur insiste sur la productivité gagnée par ses clients grâce à ce type de dispositif. Il édite en outre une plateforme de prélèvement des datas en temps réel afin de déterminer des bonnes pratiques de levage pour chaque profession.
De son côté, Teslasuit propose une combinaison bardée de capteurs permettant à son porteur de s’entrainer dans des environnements semi-virtuels. On pense notamment à la VR pour des usages de simulations de douleurs. La combinaison peut en effet exercer des stimuli musculaires sur l’ensemble des parties du corps.
Aussi, les mains du dispositifs sont équipées de 9 capteurs haptiques autorisant divers retours de force. De quoi permettre des simulations de soin en tous genres dans des situations critiques extérieures.
Santé connectée : des services à la personne toujours nécessaires
Les récents dispositifs médicaux s’allient de plus en plus avec des services dédiés aux personnes qui ont besoin d’accompagnement. Des entreprises tel que Tactilaptic proposent ainsi des interfaces s’appuyant sur des électrodes dermiques en contact avec la peau des utilisateurs. Ces éléments révèlent les capteurs du toucher et agissent en quelque sorte comme des capteurs numériques.
Ces signaux sont alors reçus sur une application reliée à une enceinte audio. Cette dernière peut alors passer diverses sonorités et ainsi générer des interactions auprès de personnes dotés de handicaps lourds.
Olivier Robillart