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PFUE : une opportunité pour la transition numérique

La Présidence Française du Conseil de l’Union Européenne constitue un momentum pour mettre en avant les sujets liés à la transition numérique. De quoi explorer des thématiques fortes de l’écosystème propre à Numeum.

A mesure que le numérique développe un écosystème davantage compétitif, écologiquement soutenable et résilient, les acteurs du secteur se mobilisent dans ces directions. En ce sens, la Présidence Française du Conseil de l’Union Européenne (PFUE), va permettre de mettre en avant ces thématiques liées au numérique. L’agenda numérique de l’Europe sera ainsi éclairé par la souveraineté numérique, la transition numérique et écologique.

Afin d’explorer ces nouvelles thématiques, l’organisation professionnelle Numeum et le cabinet Samman ont invité les experts du sujet au cours d’une conférence dédiée. Baptisée « The New Regulations for the Digital Age », le rendez-vous a permis d’aborder l’appétence des politiques communautaires auprès des sujets relatifs au numérique. Fait majeur, l’événement permet surtout de nouer un dialogue constructif entre régulateurs français, européens et les experts et industriels du secteur.

PFUE transition numérique TechTalks Numeum

L’idée est ainsi de mieux comprendre les agendas numériques des prochains mois. Un vœu permettant à Numeum de développer ses positionnements. Godefroy de Bentzmann, Coprésident de l’organisation professionnelle et CEO de Devoteam explique : « La vision de Numeum consiste à renforcer notre action à Bruxelles afin d’agir dans un cadre résolument européen. Cette stratégie est clé dans la mesure où de nombreux mouvements sont à l’œuvre. Nous constatons que les marchés concurrents, principalement américains et chinois ne doivent pas leur succès qu’au caractère innovant de leurs produits. Ils ont unifié leur marché, disposent d’une langue unique, ainsi que d’une plus grande possibilité d’investissement. Cela leur permet d’agir de manière plus rapide. Seul le marché unique autorise un champ d’action complet. C’est la clé du succès en Europe. »

Un enjeu de souveraineté

Invité par Numeum et le cabinet Samman, Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques a pu partager les priorités du Gouvernement sur le sujet numérique. « Le problème réside dans le fait qu’aucun jeune géant du numérique n’est européen. Il n’y a donc pas suffisamment de leaders européens du numérique malgré l’enjeu de souveraineté. Il faut donc que de nouveaux champions européens émergent dans les prochaines années. Tout l’écosystème est concerné, dans des secteurs tels que l’IA, le quantique ou les Life Sciences. C’est ici que réside l’enjeu des régulations des prochaines années et de la PFUE. »

Parmi les sujets majeurs de la PFUE, Cédric O confirme que les DSA (Digital Service Act), DMA (Digital Market Act), ou bien encore la directive NIS 2 (Network Information Security). Ces volets permettront à la présidence française de mettre en avant les scale-ups européennes.

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Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques

Le Gouvernement entend donc résolument saisir l’opportunité de la PFUE pour faire progresser les thématiques liées à la transition numérique. « De nombreux challenges sont actuellement sur la table. Ils peuvent tous progresser, à condition de les adresser au bon niveau » ajoute le Secrétaire d’Etat.

Des entreprises data-centric

Alors que le cadre européen se développe, de nombreuses entreprises font évoluer leur modèle économique en direction d’une inclusion plus grande de la data. Un basculement majeur qui est le signe d’un basculement de certaines industries en direction d’une optique davantage centrée sur l’économie de la donnée. Ces « numérisés » se construisent un futur via de nouveaux puissants leviers de croissance.

Eric Feunteun, Chief Operating Officer Software République de Renault Group explique : « Renaulution, le plan stratégique de Renault Group est le symbole que notre industrie bouge en direction de l’utilisation permanente de la donnée. Nous transformons Renault en une entreprise technologique. La connectivité modifie les architectures des automobiles et la manière dont elles sont conçues. On se dirige également vers une logique de Car-as-a-Service pour délivrer à nos clients des compétences et de services. »

L’idée est donc de lever les barrières et les silos existants dans le secteur de l’automobile. Un mouvement qui va de pair avec celui visant à réduire la consommation énergétique des équipements de transports. C’est pourquoi les tenants de la Software République entendent mettre en avant des outils de développements plus sobres (low data). Des éléments intégrés par nature dans la création de nouveaux produits et services.

Des propos soutenus par Cecilia Bonefeld-Dahl, Directrice générale de DigitalEurope. La responsable explique : « Il est désormais important de lever les barrières qui empêchent les entreprises du numérique de réaliser une croissance supplémentaire. A l’heure actuelle, seulement 12% des entreprises européennes utilisent la data comme base de leur modèle économique. Nous avons en outre besoin d’élaborer des KPI’s pour accroître le nombre de scale-ups en Europe. Il s’agit d’un enjeu de compétitivité majeur. Pour que nos entreprises puissent se porter davantage à l’international. »

Vers un écosystème européen souverain de la transition numérique

Le numérique pose un nouveau contexte au travers duquel de nouveaux concepts peuvent être explorés. Alors même que chaque expert plaide pour une meilleur capacité d’investissement en Europe, chacun s’accorde sur le fait que cet élément doit être observé d’un point de vue global.

Michel Paulin, CEO of OVHcloud explique : « Nous ne sommes actuellement qu’au milieu du chemin en matière de souveraineté des données. Depuis le RGPD, du chemin a été effectué mais il faut encore avancer sur le sujet. Et cela au-delà du marché des chipsets. La souveraineté dans la data devrait être implémentée dans l’ensemble des secteurs à mon sens. Cela permettra d’obtenir des positions business importantes. Il s’agit d’un moment critique pour l’économie numérique européenne. Des volets tels que le DMA, le Data Act ou bien encore les certifications cloud sont véritablement clé. Enfin, la question de la réversibilité des données demeure un enjeu majeur. »

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La notion d’ouverture et de réversibilité entre produits est en effet importante pour chaque acteur du secteur. Stéphanie Finck-Piccin, Vice-President EMEA Government Affairs & Public Policy de Salesforce explique : « Chaque entreprise doit être en mesure de choisir la technologie qu’elle souhaite en toute transparence. Le numérique ne doit pas se présenter comme une boîte noire. C’est pourquoi nous restons enthousiastes pour demeurer à la table des négociations avec l’ensemble des entreprises. Nous développons une approche résolument multilatérale tout en rappelant l’importance de conserver des relations transatlantiques fortes. »

De son côté, Mathieu Weill, Chef de service de l’Economie numérique au sein de la DGE explique : « La souveraineté et le développement de la croissance des entreprises numérique sont les deux sujets majeurs de la PFUE. Nous sommes également en faveur du principe selon lequel le numérique doit être fondé sur la liberté de choix. Nous développons également la conviction qu’il est nécessaire d’apporter une certaine forme d’autonomie aux clients. L’idée n’est donc pas d’élever de nouvelles barrières. Mais de favoriser l’ouverture du marché sans l’opposer à la notion de souveraineté numérique ou à l’innovation. »

Transition numérique : « Etre ouvert ne signifie pas être naïf« 

Dans la logique de transition numérique, deux principes se développent de concert. Anthony Whelan, membre du cabinet de la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, explique : « La souveraineté numérique constitue une capacité d’action conforme à nos valeurs. Il s’agit également que le principe soit à la fois compatible avec les règles communautaires et avec l’ouverture aux technologies. C’est pourquoi il convient de conserver en tête que l’effort doit être conservé en matière d’investissement public fort en Europe. Car le sujet de l’innovation et de la compétitivité est avant tout central. L’ouverture est, en ce sens, loin d’être un synonyme de la en n’st pas un synonyme de naïveté. »

C’est donc sur ce fait que l’ensemble des acteurs s’alignent. A l’image également de la position soutenue par le Parlement Européen, représentée par Eva Maydell, l’autonomie numérique va demeurer un principe clé. Aussi bien durant la PFUE que pendant les années qui suivront les prochaines échéances européennes.

Olivier Robillart