Le salon Santexpo 2025 est le reflet direct des tendances en matière de numérique en santé. Cette année, l’événement met en avant les retours d’expériences positifs liés à la santé populationnelle.
Pour cette nouvelle mouture, Santexpo 2025 fait la part belle à l’apport du numérique en matière de santé. Dans cette optique, la santé populationnelle se présente comme un moyen de répondre aux problématiques que traverse le système de santé. Mais également de dégager des leviers de croissance pérennes pour les entreprises du numérique.
Force est de constater que les professionnels de santé sont, depuis maintenant plusieurs années, passé de la théorie à la pratique. Les retours d’expériences en la matière, sont effets, nombreux et variés. Les enjeux reposent non seulement sur la coordination territoriale mais également à la responsabilité populationnelle.
En Mayenne, par exemple, l’expérimentation baptisée MayVilleHop permet une coordination Ville Hôpital. L’idée est ainsi de mettre en place un parcours de soins et responsabilité populationnelle pour une meilleure prise en charge des patients sur le territoire. Le principe est alors de rassembler les données disponibles, de centraliser les informations pertinentes. Afin qu’en cas d’hospitalisation d’une personne, chaque praticien ou partie prenante soit au courant de la situation.
A l’heure actuelle, les médecins de villes sont intégrés à la plateforme. Quant aux pharmaciens, ils le seront prochainement. A date, l’outil compte pas moins de 70 connexions mensuelles de médecins de ville et de 50 médecins hospitaliers. A terme, de nouveaux challenges vont intervenir relatifs à la démographie médicale, la persistance d’outils multiples, la complexité technique et la conduite du changement.
Des retours positifs
Nicolas Eiferman, Directeur général France & Benelux d’Intersystems, explique : « Les besoins des métiers se structurent et nous voyons de nouveaux scenarios se présenter. Les villes, par exemple, sont très en demande de ce type d’outils. En tant qu’éditeurs, nous constatons l’existence de centaines d’applications qui peuvent contribuer à ce type de scénario mais il y a un besoin d’orchestration. Il faut donc réaliser des synergies sans les remplacer. Nous essayons de mettre en place une convergence d’outils. »
Les expériences conduites en direction de la mise en place d’un système de santé populationnelle sont positifs. Le Dr Hervé Rivière, Directeur médical d’Intersystems France, explique : « Nous avons conduit des études en 2024 avec une analyse quantitative des demandes, une enquête utilisateurs et un questionnaire en ligne menée auprès de médecins. Les données montrent une différence statistique significative en baisse du nombre de passages aux urgences. L’intensité des soins, c’est-à-dire le nombre d’actes réalisés par mois baisse de 7%. Aussi, la fréquences des épisodes d’hospitalisations et des consultations baisse de 11%. Ces tendances sont identiques dans les domaines de la cardiologie et de la diabétologie. »
Un système de santé qui traverse des moments « difficiles«
Comme à son habitude, Santexpo 2025 met en lumière les transformations majeures du système de santé. A titre de bilan, Arnaud Robinet, président de la FHF (Fédération hospitalière de France) et Maire de Reims présente un constat clair. Il explique : « Santexpo 2025 est placé sous le signe d’une certaine gravité. Et cela depuis plusieurs années. Notre système de santé traverse des moments difficiles et les nuages continuent de s’accumuler à l’horizon. Le système peine à se relever. Soigner n’est pas seulement guérir, c’est être la a pour l’ensemble des populations. Notre système est sous tension mais il tient grâce à l’abnégation de ceux qui el soutiennent. Mais la détermination n’empêche pas la lassitude. On ne pourra pas faire reposer les résilience du système de santé sur leurs épaules. »
A propos de la santé populationnelle, l’élu précise : « Ce mode répond à des objectifs partagés entre tous les acteurs, une coalition de moyens adaptés à la population. On constate une baisse de 50 % des séjours longs par exemple. Les patients sont mieux pris en charge et les parcours sont plus fluides. Prévenir c’est agir en amont pour éviter l’aggravation de la maladie, l’hospitalisation et gagner en espérance de vie. 40 % des cancers pourraient être ainsi évités. La FHF est convaincue qu’il faut aller plus loin. »
Dans ce cadre, le numérique apparaît comme un remède aux maux du système de santé. Catherine Vautrin, Ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles de France, explique : « Est-ce que le modèle est pérenne ? la réponse est non. L’enjeu est majeur et s’appelle le virage démographique car nous ne sommes plus dans les conditions de 1945. Il y avait plus de jeunes, plus d’actifs et les personnes travaillaient plus longtemps. Le sujet des maladies chroniques est majeur et doit être adressé. La question est celle de l’attractivité et de la pérennité du modèle social. Avec l’IA on peut gagner du temps dans le domaine des consultations, on peut aller chercher des modèles efficaces similaires à ce qui se fait à l’étranger, en Espagne par exemple. »
Des entrepôts de données de santé mentale au service des patients
Parmi les solutions proposées figure la mise en place d’entrepôts de données dédiés à la santé mentale des patients. Sur ce sujet, la fondation FondaMental, Dassault Systèmes et Outscale ont développé un entrepôt de données de santé souverain. L’objectif est d’améliorer la prise en charge en santé mentale. Cette approche favorise une collecte multimodale des données, permettant une meilleure compréhension des troubles psychiatriques et des soins plus personnalisés et efficaces.
Aussi, pour valoriser pleinement son entrepôt de données de santé, Heva (La Poste Santé et Autonomie) et le CHU de Nantes, ont développé des cas d’usages concrets de valorisation. Diane-Charlotte Baillet, Directrice des offres d’Heva, explique : « Nous avons réalisé une première étude portant sur un nouveau vaccin contre la grippe afin d’étudier son efficacité par rapport au vaccin classique et à son coût. La cohorte utilisée portait sur 8 millions de patients. L’étude a permis de mettre en évidence des avantages supérieurs. Mais également un bénéfice clinique supérieur avec une réduction des hospitalisations liées à la grippe. »
Numérique en santé : Numeum et PariSanté Campus signent leur convention à Santexpo 2025
Afin de pérenniser l’importance du numérique en santé, Numeum et PariSanté signent un partenariat. Ce dernier vise tout particulièrement à mettre en avant des évènements et des rencontres. Ces dernières se dérouleront au sein des locaux de PariSanté Campus selon un programme d’accompagnement et évènementiel adapté.
Dans ce cadre, Véronique Torner, Présidente de Numeum et le Pr Antoine Tesnière, Directeur du campus ont signé ce partenariat durant Santexpo 2025. Pour rappel, annoncé par le Président de la République en 2020, PariSanté Campus constitue un pôle de recherche, de formation et d’innovation. Il vise à structurer et développer une filière dédiée au numérique pour la santé de rayonnement européen et international.
L’objectif est donc de permettre aux partenaires privés en recherche de financement de développer leur activité et d’accélérer leur croissance. PariSanté Campus va ainsi faciliter la mise en relation et favoriser les synergies entre les acteurs de son écosystème privés en son sein et Numeum.
Pour aller plus loin, la rédaction de TechTalks conseille le livre blanc de Numeum « La santé en 2030 sera numérique » portant sur les perspectives de développement du numérique en santé. Le document est librement téléchargeable à cette adresse : Livre blanc Santé Numérique 2030
Olivier Robillart