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A quoi ressemblera le système de santé ces prochaines années ?

Dans le cadre du développement d’une vision systémique du numérique en santé, il est évident que la santé numérique va prendre une part importante dans le maintien ou le retour à un état de santé physique. A terme, la relation humaine entre le praticien et son public, toujours nécessaire au bon déroulement des soins, va se transformer en bonne harmonie. Les entreprises de services et éditeurs de logiciels vont ainsi devenir la clé de cette approche nouvelle.

La récente crise sanitaire liée à la COVID-19 a démontré le besoin de maintenir et de pérenniser les outils du numérique en santé. Véritables liens entre soignants et malades, ces briques technologiques ont assuré un pont, humain et concret, entre ces deux parties. Il est à présent important de développer cette activité au travers d’une filière forte à condition de se doter des moyens nécessaires.

L’enjeu est en effet de taille. Le numérique en santé a développé ces dernières années, en plus de son approche BtoB classique, des éléments rapprochant le patient du praticien. Une stratégie BtoBtoC qui permet au public de mieux communiquer avec les professionnels.

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Philippe Simon, Président de Cegedim Insurance Solutions, pose le constat : “Le Ségur a posé de solides premières pierres mais il est désormais nécessaire d’apporter de l’interopérabilité entre l’ensemble des services afin d’obtenir un état de santé physique et mentale satisfaisant. Nous sommes tous, en tant qu’individus, des patients qui ont besoin de pouvoir accéder à leurs informations et de pouvoir les communiquer plus directement. Les professionnels du numérique ont compris ce virage car il permet de tisser des liens plus forts et de renforcer la relation humaine. L’objectif n’est pas qu’à l’horizon 2030 de simples chatbots se chargent uniquement de cette relation, de ce lien fort et indéfectible.”

Développer la maturité des usages

Il convient dès lors de développer la maturité des usages. Si la crise du Covid a permis une avancée certaine, des points d’amélioration demeurent. Arnault Billy, Senior Vice Président, Strategic Development de Cegedim, explique : “La maturité technologique est présente car il nous est possible de proposer régulièrement des nouvelles versions de manière agile. Mais les usages doivent encore se développer. Pendant la période du Covid, entre 60 et 70 % des rendez-vous médicaux étaient réalisés en téléconsultation. »

Cet article est extrait du livre blanc de Numeum « La santé en 2030 sera numérique » portant sur les perspectives de développement du numérique en santé. Le document est librement téléchargeable à cette adresse : Livre blanc Santé Numérique 2030

Il ajoute : « Mais une fois la crise retombée, nous nous attendions à un retour à la normale, autour de 10 à 20 %. Il en a été tout autre. Les téléconsultations sont retombées à un taux de l’ordre de 4,5 % en France. Il devient donc majeur de motiver la population à l’usage du numérique. Un énorme processus éducatif doit encore être réalisé au moyen d’une pédagogie adaptée. Car le numérique en santé sauve des vies.”

La santé mais pas que…

Dans un horizon proche, la santé ne couvrira en effet pas uniquement les soins mais un ensemble complet de déterminants et d’éléments hétérogènes allant de la nutrition, de la prise en compte de la pollution et de l’environnement proche du patient, de son état psychologique entre autres déterminants de santé sur lesquels les entreprises du numérique peuvent agir. En somme, ces nouveaux outils vont participer au “bien vieillir” de la population en devenant une composante majeure du système de santé.

Une position soutenue par Philippe Simon, Président de Cegedim Insurance Solutions. Il précise : “Tous les acteurs du privé fonctionnent dans un univers très contraint et fortement réglementé. Il convient donc de favoriser l’usage des outils numériques. Dans ce cadre, l’UX est rapidement devenu un élément presque obsessionnel au sein de nos équipes. « 

Il ajoute : « Ce choix stratégique de favoriser l’expérience utilisateur permet d’apporter un service de bout en bout au client assuré. Et cela sur son domaine complet grâce à des passerelles vers des applications tierces. Dans le cadre du développement du mode de santé populationnelle, les data et leur utilisation deviennent donc un sujet clé. Que ce soit pour les éditeurs ou les assureurs. Celles-ci vont permettre aux entreprises de se porter sur le terrain de la prévention et des services d’accompagnement. L’épidémie de Covid a montré l’importance du privé alors que le public se trouvait en crise grave. Il convient donc de doter efficacement le privé pour pérenniser cette mission.”

Quand le numérique rapproche les humains

En matière d’évolution du numérique en santé, une constante semble indéniable. Le numérique permet de rapprocher l’humain et de dégager de nombreuses interactions entre professionnels et patients. Réduire cet écart est devenu capital à mesure que des mouvements liés à la population tels que son vieillissement ou sa ruralisation partielle s’intensifient.

santé populationnelle

Claire Lhériteau-Calmé, Head of Public Policy & Government Affairs France de Doctolib explique : “Le numérique prend tout son sens lorsqu’il permet de rapprocher l’offre et la demande de soins dans un contexte inédit de grande tension dans tous les territoires. Les outils en ligne interviennent pour permettre des innovations organisationnelles et ainsi trouver des solutions à ce grand défi collectif de l’accès aux soins. Notre ambition est ainsi de libérer du temps médical et de conserver ce qu’il y a de plus humain dans la relation entre un praticien et son patient.”

Une logique de « plateformisation »

C’est dans cette optique que s’inscrivent des initiatives telles que “Mon Espace Santé”. Doctolib indique à ce titre travailler “main dans la main” avec l’Etat dans cette logique de “plateformisation” tout en veillant à une harmonisation des parcours et une circulation optimale des données de santé pour garantir les meilleures expériences patients et praticiens possibles. “La réussite de tout projet de cette nature réside également dans la portabilité des données car cela permet de favoriser la concurrence et l’innovation dans le secteur. Le praticien doit pouvoir réutiliser ses données essentielles dans les meilleurs délais et sans surcoût”, ajoute Claire Lhériteau-Calmé. Ainsi organisée, la logique veut donc que le professionnel de santé demeure au centre du numérique en santé.

Numeum

Toujours dans cette optique de rapprocher le praticien du patient, des technologies telles que la téléconsultation ont donc fait leurs preuves. En particulier lorsque des entreprises s’implantent localement au sein de territoires, afin de renforcer l’offre médicale dans des zones faiblement pourvues. Maxime Leneyle, Directeur général de Tessan, explique : “Nous agissons particulièrement dans les zones où il y a peu de médecins. Mais également dans des lieux où les praticiens ne prennent plus de nouveaux patients ou bien encore dans des zones pourvues mais où les soins sont trop chers, ce qui exclut une partie de la population. Il est donc capital de suivre les évolutions de la population car cela permet de rapprocher les médecins de leurs patients. Et cela fonctionne ! Notre indice de repeat est de 1,5 (chaque patient fait une consultation et demi sur 12 mois en téléconsultation). Cela signifie que le numérique n’est plus une barrière.”

A l’horizon 2030, ce type de dispositif a donc vocation à se développer. “La liberté d’installation des médecins ne pourra pas être touchée car sinon certains refuseront de pratiquer. Sans remettre en cause les connaissances d’un médecin, la technologie va donc permettre d’accélérer la guérison de certaines maladies”, ajoute Maxime Leneyle.

Gestion de la santé populationnelle et prévention au service d’une vision systémique

Pour pérenniser cet écosystème, il est devenu capital de développer une nouvelle approche de la rémunération liée à ces soins et à l’usage des dispositifs médicaux. A l’heure actuelle, le système hospitalier est rémunéré en fonction du nombre d’actes de soins réalisés. Même si ces structures peuvent réaliser des gains d’efficience grâce au numérique, le problème de rémunération de l’hôpital, et donc des industriels du secteur du numérique en santé, demeure structurel.

Olivier Barets, Directeur Exécutif, Pôle Marketing Produits et Conseil chez Maincare explique : “Le sujet est technologique mais il porte surtout sur la manière dont on rémunère à l’heure actuelle l’hôpital et, in fine, les industriels. L’article 51 a proposé de nouveaux modèles d’essais en phase avec la logique de santé populationnelle. Mais le problème du financement demeure. En 2030, je souhaite que les pouvoirs publics soient à même de financer le bon état de santé d’une population. A terme, les entreprises apporteront les bons outils numériques aux bonnes personnes. Mais l’idée générale est qu’il est nécessaire d’apporter une transformation de l’organisation plutôt que des technologies de rupture.”

Il est donc évident que les approches en santé vont basculer d’une logique de soin pure à une meilleure prise en considération de la prévention. Une tendance forte qui sera certainement accompagnée par le développement du numérique.

Vers l’innovation et au-delà

Secteur appelé à se développer fortement en 2022, la Santé est donc incontournable pour l’activité des ESN et des ICT. Le marché poursuit son développement, non seulement à la demande des clients mais également en termes d’innovation. Maguelone Deramoudt, Directrice Commerciale & Marketing Thales Services Numériques (entreprise lauréate du trophée Innovation en santé catégorie ETI/GE de Numeum) explique : “Jusqu’à présent, les innovations de santé dans le domaine du digital, portaient principalement sur l’accompagnement des professionnels de santé dans leur métier. Prendre des décisions pour aller plus vite et de façon plus sûre leur permettent d’offrir un meilleur accompagnement des patients. »

Elle ajoute : « Les nouvelles technologies, telles que la 5G, la miniaturisation des composants, les puissances de calcul grandissantes, la réalité virtuelle et augmentée, qu’elles soient émergentes ou déjà éprouvées dans d’autres domaines, vont forcément apporter une nouvelle dimension à la santé : celle de soigner les patients et non plus simplement aider les praticiens. Des laboratoires de recherche sont déjà sur ce type d’applications. Comme par exemple celle de mettre des patients en situation simulée dans le cadre de rééducations motrices et fonctionnelles en agissant sur le cerveau et ses perceptions.”

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Des réflexions identiques sont à l’œuvre pour les TPE/PME. Maxime Cariou, CEO d’Aymax Consulting explique : “Tout porte à croire que les prochaines évolutions dans le domaine de la santé seront régies par le Prédictif et l’Intelligence Artificielle. Avec Helssy, comme avec plusieurs de nos clients dans le domaine de l’industrie pharmaceutique ou parapharmaceutique (notamment Aptar Group ou Pharmalys), nous avons déjà pu expérimenter différentes technologies de précision. Ces nouvelles approches peuvent appuyer les métiers grâce à une intelligence complémentaire dédiée à l’anticipation. Mais également à l’accompagnement dans la prise de décision”.

Cet article est extrait du livre blanc de Numeum « La santé en 2030 sera numérique » portant sur les perspectives de développement du numérique en santé. Le document est librement téléchargeable à cette adresse : Livre blanc Santé Numérique 2030

Olivier Robillart