Pour l’année 2022, le Panorama Top 250 des éditeurs de logiciels français montre un secteur d’activité résilient et en forte croissance. Les entreprises interrogées par Numeum affichent un chiffre d’affaires de 21 milliards d’euros. Soit une croissance de 10,5 % par rapport à 2021.
Résilient et performant. Voilà comment pourrait se résumer le dernier Panorama Top 250 des éditeurs de logiciels français édité par Numeum et EY. Le document, qui reprend des chiffres consolidés de 2022, montre que le secteur a correctement passé les récentes périodes de crises et autres éléments exogènes pouvant obérer la croissance des entreprises.
Sur la période, les éditeurs signent un chiffre d’affaires de l’ordre de 21 milliards d’euros. Ce qui représente une croissance de 10,5 % au regard de 2021. A titre de comparaison, la croissance en 2021 n’était que de de 9,7 %. De bons résultats à mettre non seulement au crédit de la croissance robuste affichée par Dassault Systèmes que de l’ensemble des acteurs du secteur.
Sans surprise, les moteurs de cette croissance sont à trouver du côté de l’innovation et de l’upselling. Deux facteurs prépondérants qui permettent aux entreprises d’engager de nouveaux leviers de développement. Le Panorama Top 250 précise ainsi que 27 % des cas l’innovation s’avère le principal facteur de croissance. Autre point pendant, 58 % des sondés indiquent que l’IA représente l’une de leurs priorités technologiques.
Des éléments forts que souligne Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la transition numérique et des télécommunications. Invité par Numeum, il explique : « Le grand remplacement des hommes par l’intelligence artificielle n’aura pas lieu parce que l’humain dispose de volonté et d’intention. Il demeure capital de saisir des opportunités de l’IA et d’en écarter les risques. Il existe des terrains fertiles pour l’IAG. Le service public peut traiter des documents administratifs de manière plus simplifié, d’alléger la charge administrative des soignants, des pompiers ou des policiers. Il s’agit donc d’un outil d’inclusion capital. »
Véronique Torner, Présidente de Numeum, explique : « Numeum est devenu un acteur incontournable de l’écosystème numérique français. Nous représentons une pluralité, ce qui fait de nous une entité de premier plan en France mais également en Europe. Le temps est venu de rassembler autour des enjeux majeurs que sont, par exemple l’intelligence artificielle. Numeum peut être un chef de file sur les sujets majeurs que traversent nos adhérents. »
Une croissance portée par le SaaS
Reste que le modèle économique du secteur demeure pérenne. Ainsi, 80 % des éditeurs ont enregistré un bénéfice d’exploitation en 2022. Un pourcentage proche de celui observé dans l’édition précédente. Pour Jean-Philippe Couturier, CEO et fondateur de Whoz, président du collège des éditeurs et plateformes nouvellement nommé à ce poste confirme la tendance. « Le rôle de Numeum est de faire fonctionner les éditeurs et les ESN. Mais également de maintenir et développer la croissance du secteur« , précise le responsable.
Source de cette transformation, le mode de l’abonnement fait montre d’une robustesse et d’une progression quasi-implacable. Le Panorama TOP 250 précise à ce titre que 86 % des entreprises interrogées fonctionnent sous ce mode. Benjamin Barrier, Chief Strategy Officer de Datadome explique : « Nous fonctionnons en mode SaaS depuis près de 20 ans. Mais la question n’est pas tant le mode de diffusion que le moyen de valoriser les services. Cela nous permet d’avoir une résilience forte, de signer des clients en 48 heures et d’installer nos outils de manière efficace. »
Toujours est-il qu’en matière de SaaS, un seuil historique a été franchi avec plus de la moitié du chiffre d’affaires édition (56 %) pour la première fois réalisé via ce mode. De mémoire, il constituait 45 % en 2021.
Octave Klaba, président et fondateur d’OVHcloud et de Synfonium, indique : « Les technologies existent mais elles doivent être intégrées. Les enjeux sont de délivrer ces nouveaux moyens chez les clients, y compris lorsqu’ils utilisent un mode on-premise. Toutefois, la rentabilité de l’IA, par exemple, est encore en cours. Quel est le modèle économique, qui paie in fine ? Ces questions sont là car le hardware ne permet pas encore une rentabilité forte. Le sujet est en devenir. »
Une bonne résilience
Malgré ces bons résultats, le secteur connaît actuellement un environnement économique incertain. Ce qui, par conséquence, a pour effet de faire baisser le nombre de valorisations. Les experts constatent toutefois une bonne résilience en volume et en montant sur les petites opérations. La baisse des levées de fonds se constate donc principalement sur les opérations majeures.
Preuve de cette résilience, certaines entreprises parviennent à se développer fortement. Nicolas Cannasse, CEO de Shiro Games, un studio de création de jeu vidéo explique : « nous sommes présents sur toute la chaîne de valeur. Nous éditons donc des jeux d’autres studios dans la mesure où nous disposons de l’ensemble des assets disponibles. Nous avons ainsi levé 50 millions d’euros l’an dernier grâce à notre outil de distribution. » A date, l’éditeur annonce avoir réalisé un chiffre d’affaire de 15 millions d’euros.
Autre réussite, Jacques de la Rivière, CEO de Gatewatcher, précise : « Nous déployons nos outils en SaaS, en cloud ou en mode On-premise. Cela nous permet de sécuriser les infrastructures critiques où qu’elles soient et quel que soit l’environnement. Parmi les relais de croissance identifiés, l’IAG permet de faire monter en niveau nos opérateurs, nos analystes dans la mesure où la technologie gère très bien le code informatique et de donnée sur un résultat opérationnel.«
Une guerre des talents toujours prégnante
Selon Numeum et EY, 6 400 emplois nets ont été crées en 2022 vs 8 340 en 2021. Aussi, les prévisions d’embauches se présentent comme fortes cette année. Les effectifs continuent donc de croître. En 2023, la tendance devrait se poursuivre mais dans une moindre mesure puisque 76 % des éditeurs de logiciels prévoient d’augmenter leurs effectifs en 2023 contre 86 % l’année dernière.
Autre point majeur, le RSE est un point cardinal pour les éditeurs. Gilles Mezari (Président de l’activité numérique et environnement de Numeum), explique : « en tant que syndicat professionnel de branche, nous nous devons d’appuyer les démarches fortes de RSE ou ESG. Il en va d’une valeur forte que l’on appelle le numérique responsable. 76% des éditeurs ont d’ores-et-déjà initié une telle démarche. C’est majeur ! Le sujet est désormais de mettre en avant nos actions en la matière. Je pense par exemple au Green Tech forum, événement qui met en avant l’ensemble de nos actions. »
Le signal est clair, les éditeurs de logiciels accélèrent leur stratégie RSE. Le sujet est prioritaire pour 75 % des éditeurs du panel et autant ont initié une démarche RSE structurée. A date, près de 30 % des éditeurs disposent d’un label RSE ou sont en cours de labellisation et 44 % réalisent leur bilan carbone.
Panorama TOP 250 : 5 lauréats à suivre
Le Panorama TOP 250 des éditeurs de logiciels édité par Numeum et EY récompense 5 entreprises pour leur activité particulièrement soutenue. Sont ainsi mis en valeur :
– DataDome (lutte contre le trafic frauduleux sur le Web) reçoit le trophée 2023 Croissance SaaS.
– Linkurious (investigation dans le domaine de la lutte contre la criminalité économique et financière) reçoit le trophée 2023 International.
– Gatewatcher (cybersécurité spécialisée dans la détection des intrusions avancées) reçoit le trophée 2023 Innovation.
– Shiro Games (création de jeux vidéo indépendant), reçoit le trophée 2023 Jeux Vidéo.
– Pigment (spécialiste de la gestion des données et de la planification d’entreprise) reçoit le trophée 2023 Prix du Jury.
Olivier Robillart