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Franck le Tendre, PDG Finalcad : « Nous pensons les outils qui seront utilisés dans les 10 prochaines années »

La pépite tech poursuit sa croissance forte, mue par le développement du secteur de la construction d’immeubles et son internationalisation poussée. Franck le Tendre, nouveau PDG de Finalcad détaille les atouts de la start-up dans son ambition d’hyper-croissance.

Finalcad représente sans conteste une société en hypercroissance. La société compte pas moins de 120 collaborateurs et entend établir un plan de recrutement de 60 personnes cette année. Ainsi, depuis 2011, la pépite a déployé 24 000 projets dans 35 pays. Une véritable prouesse, et ce dans 30 langues. Au total, ce sont 200 000 utilisateurs à travers le monde qui ont opté pour les outils Finalcad. De quoi permettre à la société de conserver sa position de leader.

Franck le Tendre, PDG de Finalcad
Franck le Tendre, PDG de Finalcad

Quelle est la feuille de route de Finalcad sur les prochains mois ?

Nous disposons d’une feuille de route axée sur la croissance et le développement du business, ce dernier double de taille tous les ans. Nous avons un objectif fort de croissance de notre part de marché. Le deuxième enjeu revient à réfléchir ensemble à nos propres indicateurs de performance et comment mieux nous positionner sur le marché. Notre premier produit a été pensé voilà déjà dix ans et il convient à présent de conduire une réflexion pour développer de nouveaux atouts pour les 10 années à venir.

Ces outils doivent tout d’abord être destinés aux équipes de terrain. Il s’agit véritablement de notre ADN qui demeure présent et dont les produits ont besoin de répondre aux enjeux à venir. Ces derniers ont également besoin de données de référence pour donner aux décideurs une meilleure visibilité sur le terrain et toutes les connaissances dont ils ont besoin.

Un autre atout est de parvenir à capter les bonnes pratiques sur le terrain. A savoir la manière dont est exploitée la data et les enjeux qu’elle comprend. Je parle bien évidemment d’’enjeux de qualité et de standardisation. Nous menons donc un véritable travail de réflexion sur notre roadmap produit. Le besoin est patent d’apporter de l’interopérabilité aux outils sur le legacy avec des référentiels métiers clairs. Les outils nécessaires peuvent s’interconnecter notamment avec Finalcad ou les services de Salesforce.

Nous travaillons aussi de travailler à l’élaboration de référentiels humains. Le quotidien des chantiers est de faire appel à des sous-traitants. C’est avant tout travailler avec des humains et donc avec des relations complexes et multiples.

Quels sont ces nouveaux enjeux de qualité et de standardisation ?

L’expérience nous montre qu’aucun chantier ne se ressemble. Finalcad permet de mettre le doigt sur les défaillances récurrentes pour les identifier les plus tôt possible et ne plus les reproduire. Capter et identifier rapidement ces problèmes permet de définir des process et de définir des standards de qualité. Cela devient in fine des contrôles de généralisation de la qualité.

Il existe des marchés colossaux qui ne sont pas adressés

L’enjeu est donc de simplifier la tâche pour les travailleurs sur site et pour les équipes d’exploitation car cela permet d’améliorer les marges et donc d’aller au prix le plus juste. Les enjeux sont patents. Nous nous sommes fixés des objectifs de suivre de façon plus fine le déploiement des solutions pour toucher le plus grand nombre d’utilisateurs. Nous pouvons nous étendre, en plus du bâtiment et des infrastructures, vers le génie civil et au-delà. Je pense en particulier au contrôles terrain, lorsqu’ils interviennent.

Il existe des marchés colossaux qui ne sont pas adressés. On ne capte qu’une infime partie de ces marchés. Notre idée est donc de pouvoir rayonner au-delà des utilities pour aller vers celui de l’assurance, par exemple. Les experts de ce marché sont désormais plus mobiles pour contrôler les chantiers qu’ils assurent. Il s’agit-là d’une véritable proposition de valeur nouvelle.

Notre métier est finalement de mêler la connaissance de l’industrie et l’édition de logiciel. En tant que plateforme, nous sommes sur des applications métier auxquelles sont ajoutées des éléments collaboratifs. Il existe donc une connotation forte de rayonner en tant qu’écosystème. Dans ce cadre, notre objectif est de doubler de taille sur 10 ans. Cela implique beaucoup de challenges et de défis. C’est une ambition possible mais mesurée et cela passera par l’extension de notre marché adressable et la création de nouveaux flux de revenus permettant de faire vivre cet écosystème autour des solutions Finalcad.

Comment s’organise et se développe la croissance à l’international ?

Le marché asiatique est de loin celui qui croît le plus rapidement. Certains projets jugés de taille moyenne sur ce continent s’avèrent parfois plus importants que des chantiers majeurs en Europe. Des grands clients et des donneurs d’ordre sont présents sur place. Ils sont promoteurs de nos solutions. C’est pourquoi nous disposons de bureaux à Singapour, à Tokyo, en Indonésie mais également en Chine.

Concernant les autres zones de développement, le marché espagnol et l’Amérique latine sont des terrains prometteurs. Nos équipes adressent les acteurs de la promotion immobilière et de la construction. Enfin, nous adressons tout autant des marchés plus tactiques comme la Belgique ou la Suisse.

Nous souhaitons que notre business en Europe et en Asie puissent s’équilibrer à 50/50. A l’heure actuelle, le ratio est de 70/30 en faveur de l’Europe. Pour y parvenir, la dimension terrain est importante. Nous sommes en mesure d’ouvrir rapidement des bureaux sur place car très régulièrement des procédures gouvernementales imposent de disposer de personnel dans le pays en question. Des problématiques de supply chain peuvent ainsi rapidement intervenir, il faut donc qu’une personne de Finalcad soit présente rapidement.

Face au développement des Scale-up en France, la France et l’Europe ne disposent pas d’un réel Nasdaq capable de les soutenir. Pourquoi ce manque ?

Les entreprises ont besoin de fonds. C’est évident. En particulier pour se développer à l’international, ces fonds sont essentiels. Nous avons été nommés au sein du Next40, c’est un appel aux sociétés du CAC40 et j’espère que cela générera de nouvelles initiatives de développement.

Un nouvel Airbus des batteries électriques est en train de naître. C’est une bonne chose mais il convient de conduire une réflexion similaire pour le numérique

Un nouvel Airbus des batteries électriques est en train de naître. C’est une bonne chose mais il convient de conduire une réflexion similaire pour le numérique. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui. La France est pourtant attractive en matière de numérique mais il faut se différencier par l’innovation, la qualité et la diversité de nos services.

Le développement durable est un enjeu majeur. Comment Finalcad s’inscrit dans cette optique ?

Nous constatons qu’il est possible d’anticiper les besoins. Il est désormais réaliste de minimiser les travaux supplémentaires ou les « retravaux ». Nous contribuons en cela à rendre les chantiers davantage responsables. L’enjeu est également humain, auprès des compagnons de chantier. Il est important de définir en quoi la solution va aider à dégager du temps utile pour eux. Les valeurs fortes tel que la transmission du savoir-faire sont importantes. Mais il faut du temps pour former de nouvelles personnes aux bonnes techniques. Nous intervenons sur ce volet majeur à nos yeux.

Nous identifions en moyenne que nos clients gagnent une demi-journée de travail par semaine. Ce temps est réalloué dans la formation. Il s’agit-là d’un véritable bénéfice permettant d’apporter du bien-être au travail.

Olivier Robillart