Discrètes mais efficaces. Voilà comment peuvent se définir les entreprises de la ConstrucTech et du BTP. Finalcad, Wizzcad, SmartHab et Netika ont levé des fonds suite à des résultats en forte croissance.
Les derniers rapports des experts du secteur de la construction et du BTP se rejoignent sur un même dénominateur commun. La transformation digitale de ce marché mondial conduit à évaluer le domaine à plus de 10 000 milliards d’euros. Cette forte poussée a des effets directs. Celui de pousser de nombreuses nouvelles sociétés à se lancer sur ce créneau porteur, d’autres ingrédients font de la ConstrucTech un marché à grand potentiel en termes de valeur ajoutée.
Le marché est nativement soumis à une forte internationalisation. Nombreux sont ainsi les places fortes ou zones économiques en croissance dans lesquelles l’édification ou l’amélioration du bâti est constant. Dans ce cadre, plusieurs régions comme l’Asie ou le Moyen-Orient connaissent une augmentation forte de leur demande. Quant aux Etats-Unis, le territoire continue de représenter un terreau fertile pour s’implanter hors de son territoire national.
Un rassemblement puissant
La ConstrucTech a également le mérite de rassembler de nombreux grands donneurs d’ordre qui représentent généralement de véritables carrefours d’écosystèmes. Ces derniers permettent ensuite aux entreprises du secteur de toucher une clientèle large et de signer des contrats récurrents. Ces grands comptes autorisent de facto le secteur à opérer sa transformation numérique.
Fini donc l’Excel et le reporting permanent de la part des collaborateurs opérationnels. Les services développés pour le secteur de la construction permettent aux équipes de s’affranchir de l’édition quotidienne de rapports rébarbatifs. L’objectif est de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Qu’il s’agisse ainsi de reporting, de BIM, BTP ou de BI, ces outils permettent une montée en compétence des équipes.
Des levées de fonds conséquentes en série
Pour parvenir à attaquer de nouveaux territoires dans le BTP, il faut disposer de fonds afin d’opérer une internationalisation réussie. Avec un tour de table de 40 millions de dollars, Finalcad est un exemple.
« Nous sommes sur un marché phénoménal, une traction hyper forte avec un gros potentiel de croissance. En conséquence, nous ne pourrions pas suivre en autofinancement seul. Nous avons besoin de cash pour avancer, être les premiers sur ce marché avec un enjeu fort de time to market qui nous a poussé à réaliser un tour de table », explique David Vauthrin cofondateur et chief marketing officer de la pépite française.
Des synergies et de stratégies fortes
L’éditeur se place non seulement dans le prolongement du développement du groupe avec lequel il est partenaire mais également dans un cadre plus global de transformation de la société et des conséquences qu’elle implique en termes d’évolution des métiers et des processus complexes.
Autre levée de fonds importante du secteur, celle réalisée par Wizzcad. L’idée est de répondre aux enjeux du SmartBuilding en France et à l’international. L’entreprise spécialisée dans le BIM (building information Modelling) a levé 5 millions d’euros auprès d’investisseurs allemands et britanniques. Une stratégie gagnante dans la mesure où la société a déjà été adoptée par de nombreux grands comptes tels que Vinci, Bouygues Construction, ou encore Colas, Eiffage ou Engie…
Wizzcad : la pépite
Marc Germain, co-fondateur de Wizzcad en charge du business à l’international explique : « Notre plateforme permet de couvrir les besoins des professionnels du design jusqu’à l’exécution en passant par l’exploitation et la maintenance. Nos clients disposent à présent d’une telle compétence qu’ils peuvent créer des jumeaux numériques. La maturité du marché n’est pas à son apogée mais nombre de nos clients commencent à comprendre l’intérêt de manager leurs outils digitaux en BIM ».
La société dispose ainsi de leviers de croissance puissants grâce aux améliorations quant à l’exploitation de maintenance avec comme objectif de fournir des outils qui répondent au besoin de disposer de données qui sont le reflet de la réalité. Wizzcad se projette ainsi sur le marché de la réhabilitation au moyen de la signature de contrats-cadres. Elle permet ainsi d’accompagner les mutations du marché.
« Nous constatons une poussée sociétale, une évolution forte des technologies ces dernières années. En termes business, l’industrie de la construction génère environ 250 milliards d’euros par an alors que les géants du bâtiment réalisent moins de 2 % de marge. Pour générer de nouvelles recettes, s’ouvre alors à eux la porte de l’optimisation de la façon de travailler », précise Marc Germain.
Le numérique devenu incontournable
En soi le numérique est donc devenu incontournable pour l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur des SmartBuilding et des ConstrucTech. Preuve en est, la récente levée de fonds d’1 million d’euros de SmartHab, spécialiste du marché du logement connecté. Là encore, l’objectif de la société est de doubler son carnet de commandes d’ici fin 2019, pour le porter de 50 à 100 immeubles connectés à implémenter.
La pépite française indique à ce titre que ses clients pourront désormais bénéficier de logements connectés livrés clés en main, conçus pour leur offrir plus de confort et de sécurité. Depuis une application mobile dédiée disponible sur Android et iOS, les utilisateurs pourront piloter leurs points d’éclairage, chauffage, volets, alarme anti-intrusion ou encore suivre leur consommation énergétique…
Vers l’international et au-delà…
L’un des leviers majeurs des entreprises de la PropTech, du BTP et de la ConstrucTech est inévitablement représenté par l’extension à l’international. Force est de constater que de nombreuses zones d’activité et région mondiales connaissent une croissance forte dans ces domaines. Cet état de fait constitue ainsi une possibilité pour les entreprises du secteur de porter leur activité.
Marc Germain de Wizzcad explique : « Nous avons pu toucher du doigt les attentes spécifiques du marché asiatique, en particulier de la Chine. Dans ce pays, les décisions sont très centralisées et verticales. Tout peut donc aller très vite. Nous avons toutefois été étonnés de constater que les clients chinois voulaient utiliser du BIM dans l’optique de réaliser des jumeaux numériques et de gérer leur propre patrimoine dans le futur. Leur démarche est donc nourrie par une volonté d’agilité et pas seulement pour des considérations économiques ».
Accompagner les licornes
L’accompagnement au sein de ces marchés est donc devenu capital. D’autant que de nouveaux segments sont en forte progression. A ce titre, le logement intelligent représente de belles opportunités de croissance. Selon des chiffres rapportés par la société SmartHab, plus de la moitié des promoteurs immobiliers interrogés envisagent d’intégrer des services de logement connecté à l’ensemble de leurs programmes en 2019-2020. Seulement 25% des répondants affirment que leur entreprise n’a pas commercialisé, à ce jour, de programme offrant des services de logement connecté. Dès lors, le marché du « Smart Apartment » est considéré comme un important levier stratégique pour leur entreprise.
Dans ce cadre, le savoir-faire technologique, technique (logiciels et algorithmes) ainsi que la maîtrise des processus d’expérience dans le BTP s’avèrent être des compétences nouvelles que peu d’acteurs du marché sont à même de proposer. De quoi favoriser les entreprises spécialisées et déjà implantées dans le domaine.
Olivier Robillart