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Régis Baudouin, Eksae : « Planet Tech’Care fait rayonner l’engagement en faveur de la sobriété numérique »

Régis Baudouin, Président de l’éditeur français de solutions de gestion pour le secteur public Eksaé, témoigne de son engagement en faveur de la réduction de l’empreinte environnementale du digital. Une approche permettant la mise en place de stratégies de sobriété numérique. Une initiative qui entre dans le cadre de Planet Tech’Care.

Alors que l’un des reproches fait au numérique est sa consommation énergétique et ses besoins en ressources, les éditeurs de logiciels s’engagent en faveur de la sobriété numérique. Dans ce cadre, Syntec Numérique entouré de ses partenaires a lancé l’initiative Planet Tech’Care afin de mettre à la disposition d’acteurs engagés les outils nécessaires à la réduction de l’empreinte environnementale du numérique. Une initiative à laquelle TECH IN France se joint. Régis Baudouin, Président d’Eksae commente cet engagement fort.

Régis Baudouin, Président d’Eksaé

Comment mettre en place des stratégies de sobriété numérique et faire rayonner cet engagement ?

Nous développons au sein de Planet Tech’Care une approche qui consiste à expliquer que le numérique permet de réduire la consommation d’énergies polluantes. En somme, le numérique propose des solutions digitales en substitution d’autres usages qui étaient auparavant beaucoup moins vertes.

L’objectif est de démontrer que les entreprises tech apportent des solutions et contribuent positivement à la préservation des ressources. Si l’on dispose d’un abonnement internet illimité, on va consommer des données et streamer. L’accès à la connaissance et la culture en ligne est moins consommateur que les déplacements et les infrastructures physiques nécessaires sans le digital. C’est pourquoi il convient de développer de nouvelles approches, de nouveaux regards sur la consommation énergétique et sur l’empreinte environnementale. Nous communiquons afin de mettre en relief le côté foncièrement positif de ces technologies.

Chaque entreprise peut développer des outils moins gourmands en ressources et en utilisation du réseau. Une attention toute particulière doit être portée au code source. Ce dernier doit être by design moins consommateur pour n’utiliser que les ressources strictement nécessaires au bon fonctionnement d’un outil ou d’une fonctionnalité.

Comment agir dans une optique plus responsable ?

A ce jour, il n’existe aucune formation pour apprendre à « développer vert ». Au contraire, nombre de développeurs intègrent des éléments qui ne sont pas incontournables en premier lieu. Ces derniers vont consommer inutilement des ressources machines et réseaux. Pour améliorer la sobriété numérique des entreprises, il conviendrait d’établir un véritable bilan carbone pour chaque application. Ce label permettrait de poser des bases saines pour l’avenir et de débuter une forme d’éducation au sujet pour les développeurs.

En ce qui concerne les collectivités publiques, certains usages peuvent également être revus. La numérisation des activités est actuellement en cours mais le recours au papier et aux déplacements est encore trop courant. L’e-administration et la digitalisation des économies sont les bons leviers pour promouvoir la réduction de l’empreinte environnementale.

Alors que les administrations ont consenti de lourds investissements en la matière, Eksaé se fait fort de s’impliquer fortement auprès des collectivités. Mais la numérisation doit infuser dans toutes les strates des activités. Elle doit aller partout et remettre encore en cause de nombreux processus.

Comment garantir la pérennité et la sobriété des équipements connectés ?

En matière de Smart cities, le bilan est mitigé, sinon décevant, car de nombreuses expérimentations n’ont in fine pas rencontré leur public. Beaucoup d’usages concrets restent, à l’heure actuelle, à déterminer. L’autre aspect de ce volet réside dans le coût de mise en œuvre de tels projets d’IoT au sein des villes et des collectivités. De nombreuses municipalités ont réalisé des expériences sans pousser davantage en aval la réflexion. Les investissements sur le sujet sont encore trop limités.  

A ce jour, le principal objet connecté circulant en ville demeure l’automobile. A l’avenir, les moyens de transport, collectifs ou personnels, vont se présenter comme des outils de massification de l’IoT. Les plateformes vont ainsi continuer d’agréger ces données pour que l’Internet des objets au niveau des villes débute réellement.

Sur le sujet, les textes réglementaires existent en matière d’équipement, de sobriété et de pérennité numérique mais le nœud central demeure économique. Je pense que les choses sont appelées à progresser car les investissements réalisés aujourd’hui sont porteurs pour l’avenir. En particulier en termes de consommation carbone. C’est pourquoi nous lançons au sein d’Eksae un programme de RSE pour sensibiliser chaque collaborateur, chaque unité à cette cause.

Quelles sont les technologies d’avenir que l’on peut qualifier de saines ?

La mutualisation et la centralisation induite par les usages de services Cloud sont très vertueuses pour assurer la sobriété numérique. Comme pour le débat transports collectifs versus individuels, la mise en commun de ressources pour des milliers collectivités qui ne consomment que selon leurs besoins va avoir des impacts très positifs. C’est le premier effet. Un second effet est le renforcement de la sécurité des données et des infrastructures. Avec la hausse de la cybercriminalité, seule la mise en commun des solutions de protection et des compétences associées garantit un niveau suffisant. Une collectivité seule n’a absolument pas les moyens de se protéger correctement face aux groupes organisés de hackers.

Comment encourager d’autres entreprises à rejoindre l’initiative Planet Tech’Care ?

Avoir une stratégie claire en matière de sobriété numérique constitue un atout indéniable pour attirer de nouveaux talents. Les jeunes générations semblent davantage sensibilisées à la question écologique. Elles seront à l’avenir plus attirées vers des entreprises bienfaisantes en la matière.

Le nœud réside toutefois dans les équipes de direction des entreprises. La problématique doit être correctement comprise par chaque dirigeant. Le numérique est un pan résolument moderne de l’activité de toute société et chaque responsable doit démontrer que la question peut être abordée sans que survienne d’obstacles majeurs. Il s’agit d’un effort commun que chacun est à même de faire. Ainsi, une somme de petits efforts permettra d’obtenir des résultats globaux.

En tant qu’éditeurs, c’est à nous qu’il revient de démontrer que nous sommes conscients, responsables face à la situation. Nous ajoutons également une étape supplémentaire qui est de prouver que l’on peut devenir un véritable acteur de la situation. Nous encourageons donc nos partenaires, nos clients à suivre ce même sillon né dans la digitalisation des process.

Quel message souhaitez-vous diffuser au sein de Planet Tech’Care ?

Le Green n’est pas une mesure sans objectifs. Il peut rapporter à chaque entreprise qui le pratique. Aussi bien en retombées directes qu’indirectes. Les sociétés qui ont adopté un discours fort sur le sujet sont celles qui sont les mieux cotées auprès des instances boursières. Un constat logique dans la mesure où chacun estime que ces directions sont celles qui représentent inexorablement l’avenir.

Les législations vont également continuer d’encourager les comportements vertueux. Tout sera de plus en plus fléché afin que le numérique soit de plus en plus sobre. Ce mouvement ira bien entendu plus loin que notre secteur et atteindra d’autres marchés tels que l’immobilier, l’automobile… Un mouvement fort est donc en marche et n’attend plus que les volontés des entreprises pour être accompli pleinement.

Pour en savoir plus, le site de Planet Tech’Care.

Olivier Robillart