A l’instar du numérique, le secteur de la Business Intelligence connaît de profondes mutations technologiques et sociétales. Pour la sérial entrepreneuse Maÿlis Staub, PDG de Pocket Result et co-fondatrice de Data Legal Drive, ces domaines sont à l’orée de révolutions majeures.
Parmi les secteurs les plus enclins à accepter les transformations qu’impose le numérique, la Business Intelligence fait figure de bon élève. Des initiatives ont en effet permis au secteur d’aborder les virages nécessaires dans l’optique de mettre la technologie au service de la stratégie des entreprises.
Maÿlis Staub, PDG de Pocket Result en 2013 et cofondatrice de Data Legal Drive en 2018, milite pour que la simplification du traitement et de l’exploitation des données soit à la portée de toutes les entreprises. Un moyen de rendre la data plus accessible et de la mettre au service des besoins des professionnels au moyen d’une approche délibérément centrée sur l’utilisateur. Une approche que prône Maÿlis Staub.
Le marketing décisionnel a largement évolué ces dernières années. Comment faire en sorte que l’utilisateur utilise correctement les outils que son entreprise lui propose ?
Mon parcours professionnel a toujours été dirigé dans une direction évidente qui consiste à assister les professionnels à exploiter la data qu’ils détiennent ou collectent. C’est pourquoi j’ai créé et imaginé une entreprise dont l’objet serait de mettre la donnée au service des performances marketing. L’idée de logicialiser ce principe est ensuite rapidement venue afin de pouvoir vendre les services qui y sont liés.
Le principe directeur des initiatives que je conduis est d’intégrer les mesures de performances et les prises de décision au sein d’une seul et unique outil. Cela va à l’encontre de nombre de nos concurrents mais nous pensons que c’est la bonne approche permettant aux utilisateurs de s’approprier leurs propres services.
Je fais encore régulièrement le même constat. Les utilisateurs, dans leur grande majorité, ont encore des difficultés à manier correctement les outils que leurs directions leur proposent. Dans encore trop d’entreprises le marketing est réduit à Excel et Powerpoint, même quand ces mêmes divisions disposent de logiciels de BI performants. Face à ce constat, nous avons fait le choix délibéré dès 2013 de faire du sur-mesure pour le marketing décisionnel des grands comptes.
L’intelligence artificielle a fait son entrée de plain-pied dans la Business Intelligence. A quel point les changements qu’elle inclut sont porteurs de valeur ?
L’intelligence artificielle regroupe une réalité très concrète. Nous ne sommes qu’au début d’une véritable révolution. L’exploitation de la donnée a été rendue plus puissante depuis 5 ans dans la mesure où nous savons à présent faire fonctionner correctement des algorithmes dont le but est d’accélérer les capacités des entreprises. Auparavant, la moindre exploitation de données était rendue complexe et les process devenaient longs. Il a fallu casser certains modèles.
A présent, les entreprises disposent des données mais elles ne sont ni accessibles, ni variées, ni exploitables. C’est pourquoi des algorithmes puissants permettent de déterminer en profondeur les besoins et d’y répondre. A ce jour, nous n’en sommes qu’aux débuts de l’intrication de la Business Intelligence et de l’IA. Dans ce cadre, la BI va être révolutionnée dans les 5 années à venir. D’autres mouvements majeurs vont également modifier en profondeur le numérique.
A ce sujet, le mouvement majeur est sans conteste celui de la Tech for good. Comment faire en sorte que le numérique serve les intérêts de tous les publics ?
Il est primordial que tout le monde profite du numérique et soit inclus par les progrès en cours. En matière de #Techforgood, il faut vraiment bouger les lignes, il y a comme un danger. L’intelligence artificielle peut être biaisée à cause de types de pensées ou de comportements non-inclusifs. Il est donc devenu crucial de mettre de la diversité au sein de la technologie. Nous avons besoin de plus de femmes issues de tous les horizons et de toutes les cultures.
Dans les écoles d’ingénieurs, nous constatons qu’il y a moins de femmes qu’il y a deux ou trois années. A mon sens, il est plus efficace d’aller chercher les potentiels à l’endroit même où ils sont. Je me souviens d’une expérience qui a fonctionné auprès de ce public. Pour la raison simple que nous nous étions déplacés dans les écoles pour faire connaître notre démarche et nos métiers.
C’est pourquoi je suis à présent en faveur d’une politique de quotas en la matière. Nous n’arriverons pas à faire venir à nous ces personnes, elles n’iront pas vers nos métiers sans soutien. Dans ce cadre, nous avons contribué à mettre sur pied un établissement IT baptisé « The Web Developper » à Boulogne-sur-Mer. Nous y trouvons des profils de type Bac+4 ou 5. Ils désirent avoir un emploi près du lieu où ils habitent.
Quelles sont les clés pour permettre à tous d’utiliser ces nouvelles technologies de pointe ?
Les professeurs et les programmes éducatifs ont relativement évolué. En particulier au regard de l’évolution des comportements des collégiens qui sont profondément dans le monde d’aujourd’hui. De manière pragmatique, le stage obligatoire en entreprise que font les collégiens est une excellente initiative. Cela permet de connaître l’ensemble des métiers actuels. Je lance à ce titre un appel à volontariat pour lancer des micros-actions qui vont dans ce sens.
La meilleure manière d’agir en faveur des plus jeunes est résolument d’être sur le terrain. Jusqu’à présent, nous sommes parvenus à faire prendre conscience aux autorités publiques que ces professions font bouger les choses. Elles vont dans la bonne direction.
Olivier Robillart