L’écosystème des entreprises de l’Agritech poursuit son expansion. Qu’il s’agisse du groupe Isagri, d’Helix Développement ou du collectif Agdatahub, ces adhérents de Numeum progressent dans un secteur où la donnée est une ressource capitale et où les leviers de croissance demeurent conséquents.
L’Agritech poursuit sa croissance. Le secteur regroupe les entreprises du numérique dont l’activité est liée aux professionnels de l’agriculture. Ce marché permet d’améliorer l’efficacité, la durabilité et la rentabilité des opérations agricoles. Principaux acteurs du domaine, on pense naturellement aux éditeurs de logiciels et aux entreprises de services numériques (ESN). Ces derniers sont à même de proposer des solutions innovantes comme les capteurs IoT, l’analyse de données, les drones agricoles…
Le principe directeur de l’Agritech revient donc à permettre aux agriculteurs d’optimiser leur production tout en réduisant leur empreinte environnementale. Le secteur tente ainsi de développer des leviers de croissance tout en veillant à la bonne utilisation des données produites et en assurant la viabilité économique des exploitations.
Les données, qu’il s’agisse de leur collecte ou de leur utilisation représente ainsi un véritable enjeu clé pour les entreprises. Plusieurs initiatives permettent de les maitriser afin de développer de bonnes pratiques et de dégager de nouvelles pistes de croissance. Et cela, dans un contexte où il est nécessaire d’accroître la résilience de l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Des partenaires de référence des agriculteurs
Les entreprises de l’Agritech développent leurs écosystèmes autour des besoins numériques du secteur agricole. Certaines d’entre elles ciblent une partie de leurs clients technophiles afin de leur proposer de nouveaux outils innovants. Ces derniers peuvent alors intégrer des technologies comme l’intelligence artificielle. Autre point clé, plus de la moitié de l’activité numérique des agriculteurs se fait désormais sur smartphone. Les éditeurs sont donc à présent à même de leur proposer des outils utilisables via un portable.
Jean-Marie Savalle, PDG du groupe Isagri, explique : « Nous sommes stupéfaits de l’intérêt des clients envers des technologies novatrices comme l’intelligence artificielle. Notre entreprise double son chiffre d’affaires chaque année dans ce domaine. L’IA s’avère particulièrement utile et pertinente en matière de reconnaissance des factures et d’implémentation des écritures dans la comptabilité sans aucune intervention humaine. Le numérique se traduit concrètement dans le quotidien des agriculteurs. »
Les entreprises de l’Agritech vont donc plus loin que le seul marché agricole. Que ce soit au niveau technologique mais également en termes stratégiques et de perspectives de croissance. « Nous poursuivrons notre stratégie de déborder du secteur agricole en allant dans le domaine de la boulangerie ou des métiers de bouche, par exemple. L’idée étant de se déplacer de l’amont vers l’aval. Du point de vue de la croissance et des perspectives de leviers à venir, notre ambition est d’aller plus loin dans l’international et de dépasser le milliard d’euros de chiffre d’affaires« , explique le dirigeant.
A ce titre, le groupe Isagri a récemment annoncé l’acquisition d’Agroplus, un éditeur suisse de logiciels spécialisés pour les agriculteurs, viticulteurs et maraîchers. Cette acquisition stratégique permet à la filiale suisse d’apporter une solution pérenne de gestion de parcelles aux agriculteurs suisses en les aidant à respecter leurs obligations réglementaires.
A terme, les entreprises de l’Agritech vont donc naturellement se porter sur des enjeux technologiques (IA, cloud…) mais également sur des priorités relatives au numérique responsable. Le secteur agricole peut, en effet, disposer de besoins dans le domaine de la gestion des émissions carbone.
La data, au cœur de l’Agritech
Comme bon nombre de secteurs d’activité, la data se présente comme un actif clé aux mains des acteurs du domaine. Afin d’agir en la matière, Agdatahub constitue un opérateur européen de plateformes de consentements et d’échanges de données pour le secteur agricole. Fondé par 30 acteurs agricoles, l’entité propose également des missions de conseil liées aux data (direction de projet, technologies, marketing).
Sébastien Picardat, CEO d’Agdatahub, explique : « Selon des chiffres avancés par la Commission européenne, l’agriculture est l’un des secteurs le plus structuré en matière de données, avec l’automobile et la santé. Toutefois, les données sont réparties de manière hétérogène. Prendre le contrôle sur la donnée et savoir où elle se situe sont des éléments clés. L’agriculteur est technophile mais il a besoin de services et d’outils numériques qui améliorent ses bénéfices. Le bon usage de la donnée lui permet d’augmenter son chiffre d’affaires ou dépenser moins sinon mieux« .
En somme, après une période pendant laquelle beaucoup de start-ups ont éclos, l’Agritech a gagné en maturité. Au travers de modèles économiques affirmés, le secteur est entré dans une phase de rationalisation et de consolidation. Mais nombre d’installations agricoles sont à présent data driven par essence ou ont engagé leur transformation numérique. La maturité est donc en cours d’autant que de nouveaux horizons autour du numérique responsable se présentent.
C’est dans ce cadre que des technologies comme l’IA générative ou bien encore le jumeau numérique se font une place. Cette dernière permet de dresser des hypothèses et scénarios prenant en compte le changement climatique. La technologie englobe donc la gestion des risques liée à la météorologie. Le numérique développe permet donc de développer une vision des sols sur plusieurs années afin de piloter la stratégie d’une exploitation.
Olivier Robillart