Changement de nom de Facebook par Meta, introduction du Métavers, le groupe poursuit le développement de ses outils de publicité ciblée. Le nouveau monde virtuel proposé par l’entreprise ne déroge pas à cette règle. Explications sur ce que représente le Métavers. Et s’il s’agit ou non d’une opportunité pour les entreprises du numérique.
En octobre 2020, Facebook annonçait un plan stratégique majeur visant à développer de nouveaux outils et services en ligne. L’ambition était alors affichée de dépenser pas moins de 10 milliards de dollars sur l’année dans sa division Facebook Reality Labs. Il s’agit présentement de l’entité chargée de créer des logiciels, des contenus mais également du hardware destiné à la réalité augmentée (AR) et à la réalité virtuelle (VR). Entretemps rebaptisée « Meta », la firme dirigée par Mark Zuckerberg, a donc lancé son projet de créer un nouveau monde virtuel baptisé Métavers.
Contraction de « méta » et « univers » (metaverse en anglais), ce monde en ligne, totalement virtuel doit permettre à des avatars de réaliser de nombreuses interactions entre eux. Qu’il s’agisse de divertissement, d’acheter, vendre des biens ou des services numériques restants encore à inventer, cet espace promet beaucoup. Et plus particulièrement en matière de publicité en ligne.
Le modèle économique de Meta est en effet basé sur la publicité personnalisée. Cette dernière, affinée grâce aux données recueillies depuis ses services tels que Facebook ou Instagram. Ces datas sont alors intimement liées à des produits, des marques ou des lieux d’intérêts spécifiques. Ces plateformes déploient ainsi des publicités personnalisées, ciblées et davantage pertinentes.
C’est pourquoi Meta explique faire le lien entre la publicité ciblée en tant que « moteur de millions d’entreprises de toute taille, d’associations et d’institutions publiques » et la capacité à communiquer avec ses clients et prospects. Un lien que l’entreprise entend développer grâce au Métavers.
Une publicité ciblée et personnalisée
Dans l’optique d’expliciter sa démarche, Meta France a tenu une conférence portant sur le fonctionnement de la publicité ciblée sur les plateformes du groupe. Le principe est ici résolument de personnaliser les expériences de chaque internaute en fonction de ses préférences. Un ciblage précis qui sous-tend son modèle économique.
Anton’Maria Battesti, Responsable des Affaires publiques de Meta France explique : » Les canaux média autorisent différents niveaux de personnalisation grâce à la publicité. Mais les médias de masse ne permettent aux marques de réaliser un ciblage précis de leur auditoire. Le point clé pour toute entreprise reste de toucher la bonne audience. Dans ce cadre, une publicité personnalisée, disponible dans le flux d’actualités est pertinente. Pour les entreprises, ce ciblage permet de rivaliser avec ses concurrents et libère des opportunités de marché. »
De son côté, Stefano Fratta, Responsable des politiques de confidentialité de Meta France ajoute : « Nous faisons œuvre de transparence via la bibliothèque publicitaire afin de connaître qui utilise des annonces en fonction des typologies de contenus. C’est pourquoi il est possible de supprimer des contenus sur des sujets sensibles via les options de ciblage publicitaire. »
Dans ce cadre, dès le 19 janvier 2022, Meta supprimera les options de ciblage détaillé qui se rapportent à des sujets pouvant être perçus comme sensibles. La liste de ces sujets se rapporte à des organisations ou des personnalités publiques en rapport avec la santé, l’origine raciale ou ethnique, l’affiliation politique, la religion ou l’orientation sexuelle.
Métavers : un monde de marques ?
L’annonce de Meta n’a pas laissé les grandes marques de marbre. Intéressées par les potentiels revenus publicitaires générés ainsi que la potentialité de toucher un public jeune, certaines d’entre elles ont déjà saisi l’opportunité d’acheter un espace propre dans le Métavers.
Dans ce cadre, Nike a signé un partenariat avec le jeu Roblox. Le groupe a ainsi bâti un espace, baptisé Nikeland, dans lequel il peut présenter ses propres produits et services. Pour ce faire, une parcelle de plus de 500 m2 virtuels via la plateforme concurrente de Meta, appelée Decentraland. L’opération est estimée à 2 millions de dollars d’investissement.
Dans une note, Nike précise son espace virtuel permet l’accès à plusieurs terrains de sport ainsi qu’un showroom pour permettre à son avatar de mettre des vêtements de la marque. « Les bâtiments et les terrains à l’intérieur de NIKELAND sont inspirés du siège social réel de Nike et contiennent des arènes détaillées pour que la communauté Roblox puisse tester ses compétences en participant à divers mini-jeux » , précise la marque.
Le son de cloche est similaire du côté d’Adidas. La marque a annoncé avoir signé un partenariat avec Coinbase et a acquis une parcelle dans le monde virtuel de The Sandbox. A l’image d’Accenture avec Méta, d’autres enseignes pourraient suivre dans les prochaines semaines. En fonction de l’appétence des internautes ou du marché en direction des contenus présents dans les Métavers.
La concurrence des Métavers
Certaines entreprises comme Decentraland se saisisse de l’opportunité générée par Meta pour vendre des terrains virtuels à des marques. Ces agents immobiliers virtuels tentent de connecter marques et plateformes. De son côté, Microsoft a précisé son ambition de créer un véritable Métavers d’entreprise. Au travers de sa plateforme Mesh et de son outil de visioconférence Teams, la marque américaine entend lier le meilleur des deux mondes. La conjonction de la réalité mixte, à savoir l’AR et la VR, doit créer de nouvelles applications.
Le casque HoloLens 2 devrait autoriser la représentation d’espaces virtuels en 3D. Mais aussi intégrer des avatars photoréalistes via le Kinect. Ou bien encore de proposer un espace commun identique vu par chaque participant. Il en sera de même quant à l’organisation d’événements virtuels au moyen de l’application AltspaceVR. A terme, les entreprises pourront éditer leurs espaces de travail en vue de réunions, afterworks…). Un nouvel univers étendu en somme.
Olivier Robillart